Qui sont les consommateurs de pornographie ?
Quels sont leurs fantasmes et leurs attitudes par rapport à la sexualité ?
Alors qu'aucune étude sérieuse ne permettait, jusqu'à présent, de répondre à ces questions, les enquêtes nationales sur les comportements sexuels, réalisées au cours des années 90, nous apportent enfin des informations.
Est-ce une réelle surprise ?
La pornographie n'occupe donc pas la même place dans les répertoires sexuels des hommes et des femmes : près d'un homme sur deux et une femme sur cinq déclarent consommer "parfois" du matériel pornographique (films, vidéo-cassettes, spectacles, magazines et livres, objets divers). En outre, 7 % des hommes (contre moins de 1 % des femmes) déclarent être de gros consommateurs de pornographie.
On peut donc se demander quelle place la pornographie occupe dans la vie sexuelle de ces hommes : s'agit-il d'un substitut à une activité sexuelle relationnelle limitée ou insatisfaisante, ou bien d'un complément à une activité sexuelle diversifiée ?
Qui sont ces hommes ?
Dans l'ensemble, les amateurs de porno ne sont pas très différents de l'ensemble des hommes. Plutôt jeunes (moins de 50 ans), ils habitent en ville, appartiennent aux classes moyennes et considèrent que la religion n'occupe pas une place importante dans leur vie. Les deux-tiers d'entre eux vivent en couple.
Une sexualité variée et fréquente!
Globalement les amateurs de porno ont une activité sexuelle plus importante et plus diversifiée que l'ensemble des hommes et ils reconnaissent plus fréquemment avoir des "besoins sexuels" importants. Pour la majorité d'entre eux, la pornographie s'inscrit comme le complément d'une activité sexuelle déjà riche, caractérisée par une fréquence élevée de rapports sexuels, des partenaires plus nombreux, des pratiques plus diversifiées, incluant les pratiques bucco-génitales et anales.
Les amateurs de porno, qui sont des grands amateurs de fellation, hésitent moins que les autres hommes à pratiquer le cunnilingus sur leur partenaire. Ils apprécient particulièrement le "69". Enfin, ils sont deux fois plus souvent bi-sexuels (8 % d'entre eux contre 4 % de l'ensemble des hommes).
Cette palette diversifiée de pratiques sexuelles n'exclut pas, bien au contraire, la pratique de la masturbation en solitaire. Plus de la moitié d'entre eux déclare se masturber "souvent" contre moins de 15 % de l'ensemble des hommes. Cependant, les amateurs de porno ne constituent pas un groupe homogène. Une forte minorité d'entre eux, parmi les hommes âgés de 26 à 39 ans n'a pas eu de rapports sexuels au cours des douze derniers mois. Pour ces hommes, la pornographie reste associée à une pratique fréquente de la masturbation et vient donc constituer un substitut à une vie sexuelle relativement limitée.
En dépit de cette activité sexuelle élevée, dans laquelle ils réalisent la majorité de leurs fantasmes, une forte proportion de ces hommes se déclarent peu satisfaits de leur vie sexuelle actuelle. Pour ces hommes, la pornographie, qui constitue une sorte de culture érotique très élaborée, aurait peut-être pour fonction de maintenir présente une certaine excitation permettant la disponibilité pour des activités sexuelles de toutes sortes. La sexualité, l'amour et le couple
Les amateurs de porno considèrent plus souvent que les autres hommes qu'on peut faire l'amour sans aimer sa partenaire. Mais, en même temps, ils estiment aussi plus fréquemment que les rapports sexuels sont plus satisfaisants quand on s'aime. Ils sont moins attachés à l'exigence de fidélité pour eux-mêmes qu'en ce qui concerne leur partenaire, et considèrent plus fréquemment qu'on peut aimer quelqu'un sans avoir de désir. Ces données quantitatives sur les sentiments de ces hommes donnent l'impression que les amateurs de porno portent en eux des sentiments et des normes de comportement très contradictoires et qui peuvent varier au gré des situations.
L'utilisation de préservatifs!
Alors que les hommes de plus de quarante ans sont très réticents à utiliser des préservatifs, les amateurs de porno, surtout les plus âgés, sont beaucoup plus nombreux que leurs congénères à ne pas rechigner à mettre des capotes.
Ont-ils plus que les autres conscience des risques qu'ils prennent avec leurs multiples partenaires ? La consommation de pornographie, sorte d'apprentissage sexuel, fait-elle de ces hommes des "experts" en matière de sexualité ?
Ont-ils plus que les autres conscience des risques qu'ils prennent avec leurs multiples partenaires ?
Difficile de trancher.
La consommation de pornographie reste finalement une activité essentiellement masculine. Les femmes se montrent peu intéressées. Elles vont sans doute puiser les ressources nécessaires à leurs fantasmes et à leur excitation dans la littérature à "l'eau de rose" dont elles sont de grandes consommatrices. Le scénario y est alors très différent : plus suggéré qu'explicite et plus porté sur les sentiments que sur les actes… Mais le but recherché reste le même : susciter et entretenir de l'excitation.
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